Agnolo Poliziano

Quand j’évoque le quattrocento italien, il est une figure que je me plais à mettre en valeur : Angelo Ambrogini dit Agnolo Poliziano en italien ou, en français, Ange Politien.
Né en 1454 et baigné depuis son enfance dans l’atmosphère humaniste florentine, il apprit tôt le latin et le grec : une chaire de grec avait en effet été créée à Florence dès le XIVe siècle, longtemps confiée à des érudits byzantins installés en Italie depuis la chute de Constantinople en 1453.
À 16 ans, il traduit l’Iliade d’Homère en hexamètres latins (livres II à V) et l’élégance de sa traduction provoque l’admiration de ses contemporains.
Grâce à l’académie des Careggi, il entre, en 1473, au service de Laurent le Magnifique qui lui confie alors plusieurs charges comme celle de précepteur de ses fils Pierre et Jean (le futur pape Léon X).
S’ensuit des années fastes jusqu’en 1478, mais la même année, après la conjuration des Pazzi dirigée contre les Médicis, il prend le large et se rend tour à tour à Ravenne, Venise, puis à Mantoue auprès du cardinal Gonzaga. Quelques années plus tard, revenant à Florence, il reçoit alors la chaire de rhétorique latine et grecque (c’est-à-dire l’apprentissage de ces deux langues) à l’université de Florence, charge qu’il conserve jusqu’à sa mort en 1494.
Que retenir de lui ? Outre son corpus prolifique, il est l’ancêtre et le fondateur de la philologie moderne, ie l’étude d’une langue, fondée sur l’analyse critique de textes écrits dans cette langue. C’est une combinaison de critique littéraire, historique et linguistique. Elle vise à rétablir le contenu original de textes connus par plusieurs sources, c’est-à-dire à sélectionner le texte le plus authentique possible, à partir de manuscrits, d’éditions imprimées ou d’autres sources disponibles : fragments (citations par d’autres auteurs), graffiti anciens… Ainsi, le philologue compare les versions conservées de ces textes, ou rétablit le meilleur texte en corrigeant les sources existantes.
C’est un vrai travail de reconstituteur qu’il déploie, un peu comme nous ou plutôt comme on aimerait pouvoir le faire à notre niveau.

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