Le courtisan

Que savez-vous du courtisan ? Est-ce pour vous celui qui parle aux jeunes demoiselles très charmantes avec un faux sourire élargi ? Est-ce un noble ? Ou bien encore celui qui sort de ses manches des mots complexes pour se sentir supérieur ?
Apportons tout d’abord une notion importante : ne pas confondre courtisan et gentilhomme !
« Courtisan » est un mot emprunté à l’italien « cortigiano » qui est le dérivé de « corte » signifiant « cour [princière] » au XIVe siècle. Les synonymes sont : flatteur, flagorneur, adulateur, louangeur et donc apparentés étymologiquement à la courtisanerie et à la cour.
« Gentilhomme », quant à lui, désigne en France les personnes nobles (au féminin : gente dame).
A la fin du Moyen-Âge, les termes « damoiseau » et « damoiselle » sont tombés en désuétude pour être remplacés par « gentilshommes » et « gente dames » influencé par la La Chanson de Roland en 1080.
En 1549, les gentilshommes de la Maison du roi sont des « hommes nobles » attachés à la personne du roi.
Un courtisan n’est donc pas forcément noble !
Baldassare Castiglione en 1528, écrira un livre devenu très célèbre « Le Parfait Courtisan », qui sera publié à Venise dans lequel il décrit le modèle du courtisan :
« J’estime que la principale et vraie profession du courtisan doit être celle des armes, laquelle surtout je veux par lui être vivement exercé, afin qu’il soit connu entre les autres pour hardi, fort et loyal à celui qu’il sert (…) ; mais en tout autre lieu, qu’il soit humain, modeste et posé, fuyant toute vantardise et sotte louange de soi-même (…).
Sa voix doit être bonne (…) sonnante, claire, douce et bien composée, avec la prononciation franche et nette, contenance et gestes convenables, qui consistent, à mon avis, en certains mouvements du corps non affectés ni violents, mais modérés, avec un visage gracieux. »
Être un courtisan ne correspond donc pas a une classe sociale.
Être courtisan c’est avant tout une attitude humaniste et bienveillante envers son prochain. Et ceci non par pour quelques instants mais pour tous les moments de sa vie. C’est une histoire de valeurs, de sincérité.
Le courtisan se doit donc d’être galant en se souciant des autres. Parfois on s’incline, on fait un baise main, on est poli, on dit des mots flatteurs, on ouvre les portes… aux femmes comme aux hommes sans distinctions avec respect pour indiquer que personne n’est ignoré.
Le courtisan participe à la conversation et s’occupe même d’alimenter celle-ci s’il le faut. Il doit divertir tout le monde, qu’ils soient chauves, chevelus, âgés, jeunes, étrangers, femmes ou hommes.
Il lui faut trouver un sujet de conversation, parler correctement et faire attention à ne pas devenir ennuyeux. Proscrire les sujets tels que le beau temps, éviter la politique car trop risqué. Il lui faut s’intéresser à la personne en question en abordant avec lui ses passe-temps préférés, son travail actuel, sa situation familiale… Mais attention de ne pas trop pousser pour ne pas devenir curieux. La conversation doit restée amicale !
Un courtisan joue avec les mots et fait des remarques drôles au bon moment.
Un courtisan est généreux et offre volontiers des tournées tout en restant sobre pour rester concentré et courtois.
Un courtisan respecte ses propres principes et a son honneur. Il n’ira jamais contre.
Un courtisan ne ment sous aucun prétexte mais ne s’empêchera pas de cacher la vérité;une réponse vague pouvant suffire…
Un courtisan est modeste. Il se doit d’éviter la grosse tête, grand piège de son attitude. Il lui faut faire attention de ne pas devenir hautain car il montre alors du mépris pour les gens et cela est à l’inverse du courtisan.
Un courtisan ne contredit surtout pas les femmes, il nuance. Il utilise donc des phrases du style « C’est possible, mais ne pensez vous pas que… ». Il signifie donc qu’il voir les choses autrement.
Un courtisan est courageux. Il a ses idées et doit les défendre sans reculer devant un défi. Il se bat pour les défendre. Il accepte les duels mais le refuse s’il n’est pas qualifié pour le faire. Il lui faut donc rester raisonnable. Il ne faut pas confondre bienveillance et stupidité.
Quel complexité d’être courtisan. Il faut lutter en permanence avec son naturel car penser que le parfait courtisan existe serait utopique. Par contre, travailler pour s’en approcher…. Ça c’est faisable….
Alors, vous voulez toujours être courtisan ?
Sources :
https://www.cairn.info/
https://clio-texte.clionautes.org/
https://fr.wikipedia.org/
Mémoires du Rouergue

(1478-1529)
Marquis de Mantoue – homme de lettres
Huile sur toile, 82 x 67 cm, Raphaël (Paris, musée du Louvre) ; Frontispice de Il libro del cortegiano, Venise, Aldus, 1528.

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