Domenico di Giovanni

Domenico di Giovanni

27/04/2020 Personnages 0

Voici un ovni… Domenico di Giovanni, 1404-1449, appelé « le Burchiello », coiffeur de profession et inscrit à la Corporazione dei Medici e degli Speziali (Corporation des médecins et spécialistes). Il ouvrit boutique à Venise puis à Sienne.

Bien que né dans une famille florentine aux conditions très humbles avec une culture médiocre, il fit des études en autodidacte et exerça ainsi la profession de barbier à partir de 1432. Il ouvrit une échoppe de barbier dans la Via Calimala à Florence.

Il était reconnu très populaire et considéré comme le chef de file du mouvement poétique qui s’était fait jour, à partir de la fin du Trecento. Il a des correspondances poétiques avec Leon Battista Alberti, Rosello Roselli, Anselmo Calderoni et Mariotto Davanzati. Ce mouvement est la « poésie populaire » (càntari, serventesi, frottole, strambotti, etc.), dont les rimes résonnaient dans les rues de toute la Toscane. Ce mouvement donne un nouvel élan et renouvelle une poésie italienne qui avait tendance à se scléroser depuis la disparition des trois grands fondateurs, Dante, Pétrarque et Boccace.

Pour dire la vérité, ses poèmes sont tout à fait incompréhensibles. En voici un, par exemple:

Nominativi fritti e mappamondi
e l’arca di Noè fra due colonne
cantavan tutti chirieleisonne
per l’influenza dei taglier mal tondi.

La Luna mi dicea: Ché non rispondi?
E io risposi: “Io temo di Giasonne,
però ch’io odo che ‘l diaquilonne
è buona cosa a fare i capei biondi.”

Per questo le testuggini e i tartufi
m’hanno posto l’assedio alle calcagne
dicendo: “Noi vogliam che tu ti stufi”.

E questo sanno tutte le castagne:
pei caldi d’oggi son sì grassi i gufi,
ch’ognun non vuol mostrar le sue magagne.

E vidi le lasagne
andare a Prato a vedere il Sudario,
e ciascuna portava l’inventario.

(Nominativi fritti e mappamondi)

TRADUCTION

Indicatifs et globes frits
et l’arche de Noé entre deux colonnes
ils ont tous chanté chirieleisonne
en raison de l’influence des couteaux mal arrondis.

La Lune m’a dit: Pourquoi ne réponds-tu pas?
Et j’ai répondu: « J’ai peur de Jason,
mais j’entends que l diaquilonne
c’est une bonne chose de faire des blondes. « 

C’est pourquoi les tortues et les truffes
ils ont assiégé mes talons
en disant: « Nous voulons que vous vous fatiguiez. »

Et tout ce que les châtaignes savent:
dans la chaleur d’aujourd’hui, les hiboux sont si gros,
que chacun ne veut pas montrer ses défauts.

Et j’ai vu la lasagne
allez à Prato pour voir le Suaire,
et chacun portait l’inventaire.

Le poète se moquait des humanistes et de leur perfection linguistique. Parfait en construisant une langue qui n’exprimait rien du tout… Dans d’autres sonnets, il a pris un tour sur le destin, qui, selon lui, lui avait donné une vie moche, pleine de maladies, de poux, de prison. Dans d’autres, avec Pétrarque et ses partisans.

La première édition datée des œuvres du Burchiello parue à Florence le 3 octobre 1475. Son nom : « Incomenciano li sonetti del Burchiello fiorentino faceto et eloquente in dire cancione e sonetti sfogiati ».

La fréquentation de son atelier par de nombreux écrivains et artistes anti-universitaires, est devenu un lieu de rencontre pour les politiciens et les intellectuels hostiles aux Médicis.

Pour avoir pris le parti de Rinaldo degli Albizzi dans une fonction anti-médicéenne, en 1434 Cosimo l’Ancien l’a exilé. A partir de ce moment, sa vie s’est considérablement compliquée.

Il eu divers problèmes judiciaires à Sienne qui ont abouti en 1439 à une accusation de vol avec sept mois de prison, au cours desquels il a écrit des sonnets d’expressionnisme intense, proche de la langue forte de Dante: «Enfer». Libéré de prison en décembre 1439, il poursuit son activité de barbier-poète jusqu’en 1445, date à laquelle il s’installe à Rome et se réconcilie avec les Médicis. Cependant, il a passé les dernières années de sa vie sauvage et dépensière dans la pauvreté absolue.

De nombreuses éditions furent publiées par la suite dès 1477, notamment à Venise en 1485 et 1492, et pendant tout le XVIe siècle.

Sources :
http://www.riccardopiroddi.it
https://www.liberliber.it