Tapisserie de Bayeux

Malgré le temps qui passe, la « Tapisserie de Bayeux » n’a pas perdue de son charme et de son élégance… Mais quelle créativité… quelle magnifique mise en valeur d’un récit narratif d’art roman du XIème siècle !

Imaginez un peu…. une broderie d’une longueur de 68,30 mètres et large de quelques 70 centimètres dont 50 cm consacrés à la broderie elle-même. Composée de 58 scènes avec 626 personnages et 202 chevaux… une vraie BD du XIème siècle !

En tant que Dame amoureuse des lettres et des arts, je n’ai pu résister aux charmes éternels de cette œuvre !

Je me suis donc mise à la reproduction de la scène des drakkars du duc de Guillaume qui au cours d’une nuit de septembre 1066, quelques sept mille hommes et environ deux mille chevaux ont pris le large à bord d’une centaines de navires. Parmi les bateaux se distingue le Mora, navire ducal offert par la duchesse Mathilde, qui porte au sommet de son mat un fanal béni par le pape.

La scène apporte un détail scientifique, historique. Parmi tous les marins regardant la côte anglaise s’approcher droit devant, certains ont la tête et le regard tournés vers le ciel… qu’est-ce qui pourrait attirer leur attention comme cela ? Il s’agit en fait de la comète de Halley qui apparaît comme un signe précurseur de la mort prochaine d’Harold II d’Angleterre et de la victoire de Guillaume le Conquérant.

Il ne m’en fallait pas plus pour commencer l’ouvrage.

J’ai donc découvert les quatre points de broderie utilisés et donnant un étonnant relief. Ils se nomment point de tige, point de chaînette, point fendu réalisé à deux fils et point de couchage dit « point de Bayeux ». Ce dernier est employé pour le remplissage des plages colorées.

J’ai sélectionné également des laines teintées par les plantes. Le pastel pour les nuances de bleu, la garance pour le rouge, le rosé, l’orangé ou le brun ainsi que la gaude pour le jaune. Respectant ainsi les couleurs d’origine.

Maintenant apportons un peu d’historicité pour effacer la vision romantique et populaire erronée.

Contrairement à ce que beaucoup disent, cette œuvre est en fait une broderie narrative et non une tapisserie. La technique utilisée est bien celle de la broderie avec des fils de laine, des panneaux en lin reliés les uns aux autres. La régularité du tracé du fil de laine révèle l’utilisation d’un guide, peut-être un dessin, sur la toile.

Cette broderie avait une vertu pédagogique et était la narration d’une épopée militaire pour les nombreux analphabètes de l’époque en devenant une œuvre de propagande pour une conquête victorieuse. Elle évoque la punition d’un parjure.

Les historiens affirment que ce ne serait pas la reine Mathilde accompagnée de ses dames de compagnie qui confectionna la broderie. On ne connaît pas en fait l’auteur ou les auteurs. Pour une majorité d’historiens, Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume le Conquérant, aurait commandé cette broderie pour orner la nef de la nouvelle cathédrale Notre-Dame de Bayeux, dédicacée le 14 juillet 1077.

Le récit commence donc en 1064, et se termine par la fuite des Ango-saxons à la fin de la Bataille d’Hastings en octobre 1066…

Cette œuvre est un témoignage de l’époque médiévale en Normandie et en Angleterre, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Elle donne des informations sur l’architecture civile et militaire telle la motte castrale, l’armement constitué de casque nasal, haubert, bouclier oblong, la navigation empreint d’un héritage viking et tout ce qui concerne la vie quotidienne et de nombreux éléments évoquant la vie quotidienne du XIème siècle.

Vous aurez compris, si vous en avez l’occasion, rendez visite à la « Tapisserie de Bayeux » en son musée de la ville de Bayeux… laissez-vous émerveiller par tant de créativité et de richesses historiques.

Sources :
https://www.bayeuxmuseum.com
https://www.arretetonchar.fr